16.05.2025
L’UE est déjà à 17 paquets de sanctions contre la Russie. Elle menace désormais de durcir encore davantage ses sanctions contre les marchés énergétiques et financiers russes. «Mais, l’effet risque d’être limité», selon les journalistes du Frankfurter Allgemeine Zeitung (F.A.Z).
«Il ne reste presque plus de flèches dans le carquois contre la Russie», titre le Frankfurter Allgemeine Zeitung alors que Le Figaro annonce la décision de l'UE d’approuver un 17e paquet de sanctions contre la Russie, ciblant des navires pétroliers «fantômes». «Ce nouveau train de sanctions cible près de 200 nouveaux navires fantômes utilisés par la Russie et une trentaine d’entités accusées d’avoir aidé Moscou à contourner les sanctions déjà mises en œuvre», précise le quotidien français.
Les 17 paquets de sanctions de l'UE n'ont pas pu briser l'économie russe, ce qui témoigne d'une stabilité incroyable, constate le F.A.Z. Malgré toutes les restrictions, Moscou a réussi à réorienter les flux commerciaux, à créer d'autres mécanismes financiers et à maintenir la stabilité, tandis que l'efficacité des mesures occidentales est remise en question et que les économies des pays de l’UE s’enfoncent dans la crise, la récession et le chômage. La Banque de France a abaissé sa prévision de croissance pour 2025. L'économie allemande est en récession pour la deuxième année. Le bilan est catastrophique pour les pays de l’UE, dont celui de la France.
Il y a trois ans, beaucoup «d’experts» et de «journalistes» en Occident espéraient que les sanctions fonctionneraient plus rapidement et de manière plus radicale. Ainsi, la déconnexion de nombreuses banques russes du système financier occidental SWIFT n'a eu pratiquement aucune conséquence. Cela s'explique en partie par le fait que certaines grandes banques étaient exemptées de cette mesure puisque que certains pays européens continuent d'acheter du gaz et du pétrole russes et qu’elles ont,donc, besoin d'un mode de paiement.
Cette situation se décline – aussi – sur la décision de l’UE de geler environ 300 milliards de dollars (274 milliards d'euros) de réserves de change de la Banque centrale de Russie qui sont stockées en Occident. Pour la Russie, grâce à la politique budgétaire conservatrice depuis 2014, elle a accumulé des réserves d'autres fonds, par exemple, dans le Fonds national de protection sociale et elle n'avait pratiquement aucune dette lorsque le président russe, Vladimir Poutine a ordonné le début d'une opération spéciale en Ukraine. Moscou n'a – donc - toujours pas besoin d'urgence de réserves de devises.
Il est à noter que des pays comme la Hongrie et la Slovaquie continuent d'importer du gaz russe par gazoduc et que les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) de la Russie vers l'UE ont même augmenté. «En 2024, les importations de GNL russe ont bondi de 80% en France», fait savoir La Tribune. Cependant, les volumes totaux ne représentent qu'une petite partie de ce que la Russie a vendu à l'Europe jusqu'en 2022.
L’UE est coincée et elle ne peut pas – en réalité – agir contre la Russie. Pour le Liechtensteiner Vaterland, le plus grand quotidien du Liechtenstein, «l’Europe n’a plus beaucoup de leviers face à Poutine». Selon le quotidien germanophone, ces nouvelles sanctions suivent le principe du «plus de la même chose» et l’Europe s’est récemment abstenue d’imposer des sanctions majeures parce qu’elle ne veut pas se faire plus de mal qu’elle tente d’en faire à la Russie. «Cela s’applique également à la confiscation d’environ 300 milliards d’euros de fonds de la banque centrale russe. Ceux-ci sont bloqués mais pas empochés», continue le Liechtensteiner Vaterland. L’UE craint qu’une telle mesure ne mette en péril la stabilité du système financier européen.
L’UE a cependant en théorie encore au moins une flèche dans son carquois: la sanction des ventes de pétrole et de gaz russes. Mais, là aussi, comme les ventes de gaz LNG ont même augmenté en UE dont vers la France, cette dernière flèche ne peut pas être tirée en vérité. L’UE se trouve dans une situation d’échec et mat, là où «le roi est mort». Le roi (ici l’Occident, en particulier l’UE) est menacé de capture au prochain coup et aucune parade n'est possible pour l'éviter.
«Les sanctions dites secondaires puniraient tous les pays qui achètent du pétrole et du gaz russe et elles remplissent ainsi le trésor de guerre du président Vladimir Poutine», conclut le Liechtensteiner Vaterland.
Philippe Rosenthal
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