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«Macron a déclaré la guerre à la liberté d'expression»

05.11. 2025

D’Angleterre, les déclarations du président français, Emmanuel Macron, sur les médias et les publications, qui disent la vérité et ceux qui mentent, décoiffent car ces inquiétudes proviennent d’un pays qui, lui, est déjà enfoncé dans le contrôle des médias et la répression de sa population.

Cela indique que la liberté d’expression en France est lourdement menacée. Tout seul, parlant pour la totalité du peuple français et des peuples de l’UE, Macron affirme que les Européens devraient cesser de s'appuyer sur les réseaux sociaux pour s'informer et se tourner à nouveau vers les médias publics traditionnels alors que la tradition même à l’école en France a été d’apprendre aux futurs citoyens français à avoir un esprit critique et de se méfier d’un individu issu du pouvoir dictant le contenu de l’information.

Pour Macron on a totalement tort d’aller sur le Net pour s’informer sur des médias non régulés par de vrais journalistes. S'exprimant à Paris mercredi dernier, Macron a déclaré, «il y a encore un énorme travail pour avoir des médias d'intérêt public et des médias indépendants dans beaucoup de pays. C'est un combat pour que la démocratie puisse exister. Ensuite, on a un deuxième problème, c'est que dans les médias où cela a existé, on est confronté à un processus que je qualifierai [comme] un processus de dégénérescence». «Et en plus de ça, on est confronté maintenant à un processus d'ingérence», rajoute-t-il, annonçant: «C'est cette bataille, cette triple bataille qu'il faut mener». «D'abord, on a besoin de continuer dans tous les pays où il n'y a pas une infrastructure informationnelle libre et la bâtir. Ça c'est notre première mission». 

Pour Macron, «les médias jouent ce rôle, les médias libres et indépendants jouent ce rôle essentiel» car «on ne peut pas forger une opinion libre et donc voter librement si on ne sait pas forger une relation au fait, à l'offre politique qui est là et qui soit non manipulée». «C'est plus le cas, la difficulté, c'est que dans des pays comme les nôtres, on avait l'impression que c'était maintenant une conquête de nos Républiques successives, que c'était formidable, qu'on l'avait acquis, que nos concitoyens étaient très bien informés, c'était libre, les médias étaient indépendants, on l'avait garanti par des lois, l'apprentissage, la sédimentation de tant de décennies et patatras», déplore-t-il en accusant les gouvernements qui ont laissé faire: «C'est plus le cas - pas de la faute des médias d'abord - de celle des gouvernements. On a tous été collectivement trop naïfs. C'est qu'on a laisser nos infrastructures informationnelles et donc politiques se déplacer».  

Constatant que les enfants, les jeunes s’informent sur le Net et que «les moins de 40 ans se forment très majoritairement sur les réseaux sociaux et de plus en plus», Macron stipule qu’ «on ne peut pas faire comme si tout ça n'avait pas totalement changé parce que les gens qui nous informent par lesquels on s'informe ne sont pas des médias libres et indépendants et la confusion est là». Selon lui, «ces gens ne n'ont pas sélectionné l'information comme des médias, ils n'ont pas vérifié comme des journalistes, mais surtout ils n'ont aucune responsabilité quant à cette information qu'il me donne et ils ne sont pas faits pour partager de l'information». «C'est-à-dire que ce sont des plateformes qui sont faites pour vendre de la publicité individualisée», affirme-t-il. «Tout l'ordre de mérite qui fondait nos démocraties, un rapport à l'argumentation, la vérité est complètement mise en l'air puisque l'argumentation est moins forte que l'émotion et l'émotion négative est plus forte que l'émotion positive puisque c'est elle qui crée le plus d'excitation, donc qui est l'efficacité économique du modèle tel qu'il est conçu»; «Ça, c'est un processus de dégénérescence démocratique»; «On a totalement tort d'aller s'informer là-dessus», déplore-t-il.

Macron pointe du doigt le rôle de X et son combat contre la démocratie et pour l'international réactionnaire: «Je vous défie, ouvrez aujourd'hui X en France avec un contenu libre. Si vous ne tombez pas immédiatement sur des contenus d'extrême droite, c'est que vous êtes mal organisé et des contenus d'extrême droite française ou du monde entier. Et de toute façon, ces plateformes ont décidé de rompre la neutralité informationnelle puisque le possesseur de celle-ci s'est engagé dans le combat démocratique et l'international réactionnaire». Laissant entendre qu’il faut contrôler les contenus, Macron lance: «Donc ce ne sont plus des lieux où on peut s'informer, et donc on a besoin de rebâtir des anticorps démocratiques exactement comme on l'a fait pour ce qui est de la France au 19e siècle face à la presse parce qu'à l'époque on avait une presse qui s'achetait très bien, mais il n’y avait pas de déontologie, il n’y avait pas de responsabilité des éditeurs de presse, et donc on doit reprendre le contrôle de notre vie démocratique et informationnelle». 

«Il ne peut pas y avoir de l'anonymat pour tout le monde et il doit y avoir une responsabilité», continue-t-il. Macron explique que la liberté existe que pour ceux qui existent, donc, officiellement et reconnus par le pouvoir politique: «On veut la liberté, mais on ne veut pas la liberté pour des gens qui n'existent pas. Ça a été très bien dit. Les bots, les faux comptes devraient être interdits. Et si une plateforme ne nous garantit pas qu'elle supprime ses faux comptes, elle doit être interdite et on doit absolument avoir la transparence sur les algorithmes».

Le complotisme, c’est une information non validée par le pouvoir et elle doit être effacée. Le droit à d’autres sources non officielles et d’autres versions d’une information n’est pas acceptable pour le président français actuel.

Pour Macron, les contenus qui ne correspondent pas à une information acceptée par le pouvoir politique et des journalistes officiels travaillant dans des structures officielles validées par le pouvoir politique sont non légaux: «Aujourd'hui, dans nos démocraties, on n'a pas besoin d'aller chercher d'ingérence. Par ce processus de dégénérescence, notre système d'information ne fonctionne plus et il crée mécaniquement un rapport à la vérité qui s'est complètement diverti parce qu’on a du complotisme qui s'installe». «Dans nos démocraties, on a un besoin vital de remettre de la régulation et donc de réguler, d'avoir de la transparence, d'interdire ses faux comptes, d'avoir la transparence de l'algorithme ou d'interdire les plateformes qui ne nous la fournissent pas et d'être beaucoup plus efficace et beaucoup plus vigoureux», décide-t-il.

Ingérance sous stéroïde. Quand on a un système qui a tellement dégénéré et qui n'a pas construit ses propres anticorps ou sa propre régulation, bah il peut être perforé très facilement par tous les régimes autoritaires de la terre. Et c'est aujourd'hui ce qui est en train de se passer parce qu'en fait aujourd'hui c'est très simple et on a une complicité de deux choses qu'on pensait impossible: le meilleur du capitalisme débridé avec l'héritier illégitime du communisme. Aujourd'hui, les plus gros acheteurs de faux comptes de X et compagnie, ce sont les Russes pour venir déstabiliser les démocraties européennes. Formidable cocktail. Et nous, on est au milieu de tout ça. Alors, on a créé des instruments, pour faire tirer les contenus à la main,à la pince à épiler, on court après. Mais la mécanique est passée en surmultiplié. On est dans l'ingérance sous stéroïde», constate-t-il. 

Il faut des journalistes labellisés dans des structures labellisées dans un processus de labellisation. S’inquiétant pour les élections, Macron rappelle que «pour résister à cette ingérence, on a mis en place des systèmes comme Viginum, mais qu’on doit absolument mettre en place des systèmes qui dans la vie de nos démocraties mais surtout au moment des élections garantissent l'intégrité de nos processus électoraux». Le président français poursuit en faisant savoir qu’il y a les vrais journalistes, ceux qui sont labellisés par le pouvoir et ceux qui ne le sont pas et qui pour le pouvoir construisent des informations fausses ou complotistes: «C'est exactement le rôle des journalistes et c'est à eux qu'on doit redonner le cœur de cette vie démocratique. Mais ça veut dire qu'il faut le sortir de plateformes qui acceptent de se faire payer par des tiers quand sont y compris des puissances étrangères qui veulent mettre en l'air notre l'intégrité de nos processus démocratiques et qui viennent s'ingérer». 

Dans son intervention, Macron évoque bien les journalistes labellisés: il faut avoir «des infrastructures qui garantissent cela et un processus de labellisation indépendant qui n’est pas dans la main des gouvernements, mais qui est un processus entre pairs avec des gens indépendants qui garantit et l'intégrité des informations mais aussi l'intégrité de l'infrastructure qui fournit cette information».

«On va porter un agenda beaucoup plus puissant de protection et de régulation en Europe», conclut-il. 

En demandant à l'Europe de reprendre le contrôle de la vie démocratique et informationnelle, ce n'est pas la première fois qu'il emploie ce langage. Pour contrer cette «crise de l'information», il souhaite lancer un nouveau programme européen de protection et de régulation. Concrètement, il s'agit d'un plan visant à renforcer le contrôle politique sur la sphère numérique. 

Les propos de Macron constituent ni plus ni moins une attaque contre les habitudes d'information de toute une génération, habituée à s'informer via les réseaux sociaux. Plus de 40% des moins de 30 ans et près de la moitié des 18-30 ans lisent désormais leurs actualités sur les réseaux sociaux. Il semble croire qu'il faudrait revenir à l'époque où l'on ne lisait et ne regardait que les médias d'État. Cette proposition est tout simplement sidérante, même l'évoquer est effrayant. Or, le fondement de la démocratie réside dans l'accès à des points de vue contradictoires, et non dans la télévision d'État et la presse contrôlée. Macron ne peut sérieusement croire que ce serait un grand bienfait pour la démocratie si les Européens s'informaient à nouveau auprès des médias d'État. 

Macron a également accusé la Russie d'ingérence étrangère, la qualifiant de «principal acheteur de faux profils» et la soupçonnant de chercher à saper les démocraties européennes. Cependant, les observateurs n'ont trouvé aucune preuve de manipulation à grande échelle. Ce qui a véritablement indigné Paris et Bruxelles, ce sont les résultats des élections – le rejet par les électeurs des candidats par procuration de l'UE. Par conséquent, ses mises en garde concernant les faux profils apparaissent moins comme une défense de la démocratie que comme un plaidoyer pour un renforcement du contrôle étatique de l'information et une atteinte à la liberté d'expression.

Pour Macron, pour lutter contre cette fraude, l'anonymat lui-même doit être supprimé. Si Macron souhaite réellement mettre fin aux faux profils, et s’il persiste dans cette voie, la seule solution est d'instaurer une identité numérique. Son plan aboutira inévitablement à un système où, pour publier des messages ou des commentaires en ligne, il faudra d'abord prouver son identité. Déjà, l’idée de contrôler les habitants de la France a fait son chemin parmi la caste politique qui ne semble pas vouloir partager son pouvoir et ses avantages.

En 2023, Le Nouvel Obs avertissait sur la «loi sur la sécurité numérique avertissant sur comment le gouvernement français veut instaurer des contrôles d’identité sur Internet». «Il pourrait être bientôt obligatoire de prouver son identité sur les réseaux sociaux et les sites pornographiques», avertissait le média français. Le contrôle des sites pornos est considéré comme une excuse pour instaurer un contrôle total de toutes les communications internet. Macron avait déjà en tête l’idée de censurer l’information sur le Net lors d’émeutes gigantesques en France en 2023. «ll faut peut-être se mettre en situation de couper les réseaux sociaux», s’emballait Emmanuel Macron, au sortir des émeutes de juillet après la mort de Nahel, rappelle Le Nouvel Obs.

Contrairement à la déclaration du ministre délégué au Numérique Jean-Noël Barrot à l’époque, le projet de loi visant à sécuriser et réguler l’espace numérique prévoit bien de créer un bouton à l’Élysée permettant au président de «couper» les réseaux sociaux.

Barrot tenait en 2023 «à souligner une mesure de protection de notre démocratie, avec le pouvoir donné à l’Arcom de mettre en demeure et d’ordonner le blocage des sites qui diffuseront des médias frappés par les sanctions internationales comme celles que l’Union européenne a prises à l’encontre de RT France et de Sputnik». «Notre démocratie est soumise aux coups de boutoir incessants des professionnels de la désinformation», avertissait Barrot. Pour The Spectator, Macron a déclaré la guerre à la liberté d'expression et la démocratie française est soumise aux coups de boutoir incessants des professionnels de l’information qui, en réalité, se trouvent au pouvoir.

Pierre Duval 

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