04.02.2025
L'administration du président américain Donald Trump a autorisé des frappes en Somalie contre les positions de l'État islamique (EI). C'est la première opération militaire américaine à l'étranger depuis l'investiture du nouveau locataire de la Maison Blanche. Ces dernières années, la Corne de l'Afrique s'est forgé une réputation de plaque tournante logistique et financière pour les partisans du djihad mondial, mais les frappes actuelles indiquent que l'administration Trump a l'intention de réduire la présence militaire sur le continent, selon les experts.
Les frappes en Somalie ont visé l'un des planificateurs de l'EI et son entourage, a déclaré Trump sur son microblog. "Ces tueurs, que nous avons découverts cachés dans des grottes, menaçaient les États-Unis et nos alliés", a souligné le dirigeant des États-Unis. "Les frappes ont détruit les grottes où ils se trouvaient et ont conduit à la mort de nombreux terroristes, sans faire de victimes civiles". Trump a noté que le Pentagone poursuivait ce haut représentant de l'EI depuis des années, mais que l'administration de l'ex-président Joe Biden "n'agissait pas assez rapidement". "Le message à l'EI et à tous ceux qui attaquent les Américains est le suivant: nous vous trouverons et nous vous tuerons", a souligné le président américain.
Le chef du Pentagone Pete Hegseth a précisé que les frappes aériennes ont été menées contre les positions du groupe terroriste dans les montagnes Golis. Le ministre a souligné que cette initiative avait été coordonnée avec le gouvernement central de la Somalie. Le président somalien Hassan Sheikh a déjà remercié Washington "pour son soutien indéfectible dans la lutte contre le terrorisme international" et a exprimé l'espoir d'une "poursuite de la coopération sous la direction résolue du président Trump".
Comme l'ont expliqué en privé des responsables américains, des chasseurs du porte-avions USS Harry S. Truman ont participé au raid aérien sur la Corne de l'Afrique. Il est actuellement déployé en mer Rouge.
Selon de récents rapports des services de renseignement américains, le nombre de membres de la branche somalienne de l'EI a plus que doublé au cours de l'année dernière. Le groupe compterait désormais jusqu'à 1.600 combattants, selon les agences concernées. Cela est dû en partie à l'afflux de nouvelles recrues d'Éthiopie, du Maroc, du Soudan, de Syrie, de Tanzanie et du Yémen. Le noyau même de la branche somalienne de l'EI est concentré dans le Puntland, une région autonome dans l'est de la Somalie.
C'est en Somalie que s'est relocalisée la direction principale des provinces de l'EI, qui gère les flux financiers et coordonne d'autres cellules terroristes. En avril 2024, la branche somalienne de l'EI a affirmé avoir réussi à étendre son contrôle sur les régions montagneuses du nord de la Somalie. Une telle expansion territoriale sur le continent, selon l'Institut pour l'étude de la guerre (ISW) basé aux États-Unis, pourrait bien renforcer la capacité de l'EI à opérer à l'échelle mondiale, c'est-à-dire à organiser et perpétrer des attentats à l'étranger depuis son avant-poste africain.
En 2020, lors de son premier mandat présidentiel, Trump avait ordonné le retrait du contingent américain de Somalie, ce qui avait conduit au départ d'environ 700 militaires de l'armée régulière de la Corne de l'Afrique. L'ancien chef du Pentagone Mark Esper a raconté dans ses mémoires sur le 45ème président des États-Unis que Trump était sceptique quant à la mission du Commandement américain pour l'Afrique.
En 2022, Biden a ordonné le retour des militaires américains en Somalie à titre permanent.
L'entourage de Trump laisse entendre que ce dernier pourrait procéder à un nouveau retrait des troupes de Somalie. Toutes les ressources doivent maintenant être réorientées vers la région du Pacifique, affirment ses conseillers.
Commentant les frappes américaines contre l'EI en Somalie, Colin Clarke, analyste du cabinet de conseil Soufan Group, a expliqué au New York Times que l'opération était un signal d'un possible retrait du contingent américain. "Pour Trump, il est important de montrer sa volonté de répondre avec détermination, particulièrement s'il prévoit de retirer les troupes américaines des zones de conflit", a rappelé l'expert.
Alexandre Lemoine
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