04.06.2025
Après une courte pause, les États-Unis recommencent à augmenter les tarifs douaniers sur les produits étrangers.
Sur ordre du président américain, Donald Trump, les droits de douane sur l'aluminium et l'acier, instaurés en mars, seront doublés à compter du 4 juin pour des raisons de «sécurité nationale», rapporte le site Toute l’Europe, précisant: «Le président américain a signé, mardi 3 juin, un décret portant de 25% à 50% les droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium. Ces deux matériaux, considérés comme stratégiques, sont au cœur de la politique protectionniste que Donald Trump entend renforcer».
Le site de référence sur les questions européennes souligne: «Des règles non conformes avec les obligations liées à l’OMC». «La Commission européenne a exprimé son profond regret, déplorant des mesures qui sapent les efforts en cours pour parvenir à une solution négociée avec les États-Unis», poursuit le site de pédagogique et de décryptage de l'actualité européenne.
Cette décision touchera particulièrement durement l'UE qui envisage déjà des mesures de rétorsion. L'administration de la Maison Blanche exige que des dizaines de pays contre lesquels des droits de douane ont été instaurés soumettent leurs propositions de quotas et de tarifs d'importation de produits américains. Si la situation ne peut être résolue, il sera temps d'envisager une véritable guerre commerciale mondiale, déclenchée par les actions des États-Unis.
Toute l’Europe souligne: «La hausse à 50% des droits de douane sur l’acier et l’aluminium s’applique dès le 4 juin à tous les partenaires commerciaux, sauf exceptions précisées dans le décret ou dans le cadre de négociations spécifiques. L’UE n’étant pas explicitement exemptée dans le texte du décret, ses exportations de ces métaux vers les États-Unis sont donc potentiellement concernées dès maintenant, indépendamment du report général des surtaxes sur d’autres produits européens. Toutefois, la décision du 25 mai de reporter au 9 juillet l’application des surtaxes de 50% sur l’ensemble des produits européens reste en vigueur pour les autres secteurs, ce qui signifie que la plupart des produits européens ne sont pas encore soumis à ces nouvelles taxes punitives».
«En résumé, la hausse immédiate des droits de douane sur l’acier et l’aluminium ne remet pas en cause le report des surtaxes générales à l’UE, mais elle fragilise la position européenne en touchant dès à présent deux secteurs clés, ce qui pourrait servir de levier dans les négociations en cours», conclut le site de référence sur les questions européennes.
Trump n'est pas un homme politique dont les paroles sont souvent en adéquation avec les actes. Pourtant, sur un point, il est extrêmement cohérent. Depuis les années 1980, lorsque Trump, alors promoteur immobilier, a commencé à s'exprimer sur la politique et l'économie mondiales, il a défendu l'idée que les États-Unis souffraient d'un déficit commercial avec d'autres pays et que celui-ci ne pouvait être corrigé que par des droits de douane.
Lors de son premier mandat présidentiel, il n'a pas réussi à faire une percée dans ce domaine. Mais, Trump a pris sa revanche lors de son second mandat.
Le 2 avril dernier, le président américain a «dévoilé les nouveaux droits de douane qu'il entend imposer aux importations en provenance de 185 pays et territoires étrangers. Des mesures qui risquent de lancer une guerre commerciale entre les Etats-Unis et le reste du monde», rapportait déjà le site Toute l’Europe. Trump qualifiait solennellement cet événement de «jour de la libération en Amérique».
Seule la Russie n'était pas dans cette liste: la Maison-Blanche a déclaré que cela pourrait entraver les efforts de paix du président américain qui tentait de réconcilier Kiev et Moscou. Puis, face à la chute des marchés boursiers et à l'explosion d'indignation qui a suivi, principalement aux États-Unis, Trump a fait marche arrière.
Après un entretien avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui lui a rappelé que les Européens étaient prêts à des mesures de rétorsion, le président américain a accepté de reporter l'introduction de droits de douane de 50% sur les marchandises en provenance de l'UE au 9 juillet. D'ici là, comme la Maison-Blanche le prévoyait, des négociations difficiles avec des dizaines de pays devraient être conclues. Cependant, Trump a décidé, contre toute attente, de forcer la situation.
Reuters a obtenu un projet de lettre du bureau du représentant américain au commerce. Ce document appelle les partenaires commerciaux des États-Unis à soumettre leurs meilleures offres d'ici le 4 juin concernant les taux de droits de douane et les quotas sur les importations américaines, tant industrielles qu'agricoles. Le document propose, également, la suppression de toutes les barrières non tarifaires aux importations américaines. Selon la lettre, les États-Unis prévoient d'évaluer les réponses d'ici quelques jours, puis de proposer leurs propres conditions, qui pourraient inclure un taux réciproque.
La liste des pays destinataires de cette lettre est inconnue. Cependant, il s'agit probablement principalement de pays européens, et plus particulièrement de l'UE. Outre la Chine, c'est à eux que Trump adresse la plupart de ses revendications économiques. C'est en Europe que le président américain a remporté sa seule et relative victoire dans la guerre tarifaire à ce jour.
Le 8 mai, Trump a annoncé être parvenu à un accord sur les termes de l'accord avec la Grande-Bretagne. Le taux de droit de base de 10% reste en vigueur pour les produits britanniques. Une exception a été faite pour les constructeurs automobiles. Les produits de l'industrie automobile britannique, soumis au droit de douane de 10%, sont limités à 100.000 véhicules par an. En cas de dépassement, un droit de douane de 25% sera appliqué. De son côté, la Grande-Bretagne supprime les obstacles aux exportations américaines de nombreux produits sur son marché: fruits et légumes, aliments pour animaux, tabac, bœuf, etc. Il n'existe généralement pas d'accord de ce type avec d'autres pays, et surtout avec l'UE.
Pendant ce temps, les organisations internationales tirent déjà la sonnette d'alarme. Le secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Mathias Cormann, a déclaré que la croissance économique mondiale ralentissait plus que prévu, passant de 3,3% en 2024 à 2,9% cette année. En mars, avant le «jour de la libération en Amérique» de Trump, l'OCDE avait annoncé une croissance de 3,1% en 2025. Cormann a cité comme raison les actions de l'administration Trump et sa politique tarifaire déraisonnable. Il a aussi averti qu'en réalité, la croissance pourrait être encore plus faible.
Alors que la cote de popularité du président US est déjà en baisse, il se lance dans une expérience risquée. Après tout, il joue, pour ainsi dire, contre son électorat. Parmi les fervents partisans de la hausse des droits de douane figurent des trumpistes convaincus. C'est cette partie de l'électorat républicain que l'UE va frapper avec ses mesures de rétorsion dont l'application est suspendue pour l'instant.
Philippe Rosenthal
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