
29.09.2025
Trump déclare l'organisation Antifa comme terroriste et il envoie l'armée pour l'écraser. Le pays est officiellement en guerre contre une partie de sa population se définissant comme Antifa, signifiant un virage aux États-Unis pouvant déboucher sur une guerre civile. Pour Trump «Portland (la plus grande ville de l'Oregon) est ravagée par la guerre». La guerre est maintenant dans le pays.
«(Le mouvement) Antifa est une organisation militariste et anarchiste qui appelle explicitement au renversement du gouvernement des États-Unis, des forces de l'ordre et de notre système juridique. Pour atteindre ces objectifs, il utilise des moyens illégaux pour organiser et mener une campagne de violence et de terrorisme à l'échelle nationale», a stipulé Donald Trump le 22 septembre dernier. «Il recrute, forme et radicalise de jeunes Américains pour qu'ils se livrent à la violence et à la répression de l'activité politique. Il emploie ensuite des moyens et mécanismes sophistiqués pour dissimuler l'identité de ses agents, dissimuler ses sources de financement et ses opérations afin de contrecarrer les forces de l'ordre, et recruter de nouveaux membres. Les individus associés au mouvement Antifa et agissant en son nom se coordonnent ensuite avec d'autres organisations et entités afin de propager, d'attiser et de promouvoir la violence politique et de réprimer la liberté d'expression politique. Cet effort organisé visant à atteindre des objectifs politiques par la coercition et l'intimidation constitue du terrorisme intérieur», a-t-il aussi rajouté.
Donald Trump a annoncé samedi qu'il avait ordonné au Pentagone d'envoyer des troupes pour «protéger» Portland, dans l'Oregon, ajoutant qu'il autorisait «le déploiement de toute la force, si nécessaire». «À la demande de la secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, je demande au secrétaire à la Guerre, Pete Hegseth, de déployer toutes les troupes nécessaires pour protéger Portland, ravagée par la guerre, et toutes nos installations de l'ICE assiégées contre les attaques d'Antifa et par d'autres terroristes intérieurs. J'autorise également le déploiement de toutes les forces, si nécessaire. Merci de votre attention!», a publié Trump sur son réseau social Social Truth.
Une étape importante a été franchie par Trump. Depuis le mois de juin dernier, il déploie des troupes pour lutter contre la criminalité urbaine. Des soldats de l’armée US descendent dans les rues avec l'objectif affiché de s'attaquer non pas à des gangsters, mais au mouvement politique Antifa qui est constitué de citoyens américains.
Portland est régulièrement le théâtre de troubles, principalement motivés par la gauche. En 2020, lorsque les manifestations de Black Lives Matter ont secoué l'Amérique, l'Oregon en était l'un des foyers. À Portland, des affrontements ont opposé partisans de Trump et opposants de gauche. Une personne a même été tuée. Le bureau local de l'ICE est généralement une cible privilégiée des manifestants. Les services de l'immigration et des douanes (ICE) effectuent régulièrement des descentes dans la ville, comme partout aux États-Unis, à la recherche de migrants sans papiers.
Au mois de juillet dernier, la secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, a publié une déclaration concernant «les efforts continus des criminels et des groupes affiliés au mouvement Antifa pour divulguer les informations personnelles des agents du Contrôle de l'Immigration et des Douanes (ICE) dans l'Oregon». «Les forces de l'ordre de l'ICE sont confrontées à une augmentation de près de 700% des agressions à leur encontre. Ces sites de doxxing, qui tentent de révéler l'identité des agents de l'ICE, et même de leurs familles et enfants, représentent un grave danger pour nos forces de l'ordre. En effet, des gangs hautement sophistiqués comme Tren de Aragua et MS-13, des réseaux criminels, des meurtriers et des violeurs peuvent utiliser ces informations pour perpétrer des attaques contre les forces de l'ordre fédérales et leurs familles», faisait-elle savoir.
«Nous poursuivrons avec toute la rigueur de la loi ceux qui divulguent des informations sur les agents de l'ICE. Ces criminels se rangent du côté de cartels criminels et de trafiquants d'êtres humains», a-t-elle continué, martelant: «Nous ne tolérerons pas cela aux États-Unis». «Partout aux États-Unis, les forces de l'ordre fédérales ont été attaquées. Des hommes armés ont ouvert le feu sur des agents de la police des frontières et de l'ICE au Texas à deux reprises pendant le week-end du 4 juillet, blessant grièvement deux personnes», rapportait-elle encore.
Une nouvelle guerre civile est, donc, en train de germer aux États-Unis. Les partisans de Trump évoquent l'expérience de Los Angeles et de Washington. Des troupes y ont été déployées, mais rien de grave ne s'est produit. Les troupes de la Garde nationale n'ont pas fait un usage sélectif de la force, contrairement à ce que craignait la gauche, et, globalement, les citoyens honnêtes et respectueux des lois se sont sentis plus en sécurité dans les rues. Mais, le mouvement Antifa ne tient pas laisser Trump faire régner l’odre dans le pays car il considère Trump comme un fasciste.
Selon Will Potter, journaliste d’investigation primé dont le travail se concentre sur la répression politique et l’érosion des libertés civiles, «l’administration Trump utilise cela comme un fourre-tout pour s’en prendre à la gauche au sens large et à quiconque qui s’exprime contre le fascisme en ce moment, tout en donnant en même temps au FBI une autorité incontrôlée pour ignorer la montée de la violence de droite». «L’intention est d’en profiter pour réprimer leurs opposants et consolider le pouvoir autoritaire», précise-t-il.
Depuis que le mouvement antifasciste (Antifa) est officiellement une organisation terroriste nationale aux États-Unis les tensions entre l’extrême droite et l’extrême gauche augmentent. «Il s’agit véritablement d’un tournant historique et d’une escalade radicale dans la guerre contre la dissidence et la guerre contre la protestation», affirme Will Potter. Le pays est maintenant partagé entre deux clans: la gauche avec l’extrême gauche et la droite et l’extrême droite. Après l’assassinat de Charlie Kirk, la guerre civile a été annoncée aux États-Unis sur le Net. Pour le mouvement Antifa, «cet espoir de s'en prendre à ses ennemis n'est pas né subitement après la mort de Kirk. L'administration Trump a depuis longtemps un plan pour faire taire la dissidence»: «La Heritage Foundation, le groupe d'extrême droite à l'origine du Projet 2025 (un ensemble de plus de 900 pages de propositions politiques conservatrices de droite), a présenté ses vœux pour une campagne similaire dans le Projet Esther. S'appuyant sur les obstacles bipartites à l'activisme pro-palestinien, le Projet Esther appelle à des expulsions, à des enquêtes criminelles fédérales et à des investigations sur George Soros». Les Antifas accusent Trump d’écraser la liberté d'expression.
Ce basculement qui a lieu aux Etats-Unis arrivent aussi en Europe. Après les États-Unis, la Hongrie classe à son tour le mouvement Antifa comme organisation «terroriste», titre Le Figaro.
Pierre Duval
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